Conférence Internationale Sargasses, Guadeloupe 2019 : une première analyse

Du 23 au 26 octobre la Région Guadeloupe se veut le point de convergence des savoirs et techniques de mitigation des effets des algues Sargasses via l’organisation d’une conférence internationale financée par le programme européen de coopération régional InterReg Caraïbe.

Les objectifs de cette conférence présentée pendant la mise en place du comité de pilotage (COPIL) le 16 avril 2016 sont :

  • mieux comprendre le phénomène à l’échelle de la Caraïbe;
  • avoir une expérience partagée en matière de collecte, traitement et valorisation des algues;
  • inscrire à l’agenda politique international la problématique de l’invasion massive de ces algues.

La réponse au premier point ne peut venir que de la recherche et des innovations technologiques. Cet objectif demande donc un véritable investissement en ressources humaines compétentes.

Le second point pose la question de l’efficacité des méthodes déjà expérimentées qui présentent toutes des inconvénients majeurs qui aggravent considérablement la ressource environnementale. Le niveau de connaissance actuel est bien trop limité pour évaluer les conséquences à moyen et long terme.

Le troisième point quant à lui s’apparente à un vœu pieux. Comment collaborer politiquement pour atténuer un phénomène dont les origines et les modes de croissance, la distribution spatiale et temporelle sont aussi mal connus voir n’ont même pas encore fait l’objet d’étude. L’absence de frontière, ou de barrières naturelles, lors des déplacements des algues pélagique impose de régler les situations d’invasion aux échelles locales. L’espoir d’une solution clé en main ne repose que sur les convictions de commerciaux prédateurs.

Une première analyse


Fig. 1: Répartition des sujets en volume horaire au cours de la Conférence Internationale Sargassum2019 en Guadeloupe, DFA

Le programme de la conférence international a été dévoilé la semaine dernière (semaine 36). N’ayant pas accès au programme détaillé, une analyse quantitative peut être mené afin d’appréhender l’essence de cette conférence.

Sur les quatre jours d’événement on peut noter le grand nombre d’actions de communication (Fig. 1) avec une diffusion publique de documentaire, une débat télévisé, un débat grand publique et une conférence de presse soit au total 5h52 min (2h30min + 1h30min + 1h + 52min).

L’état de lieu sur les connaissances, réservé à la première journée se limite à 3h15min, pause incluse. Le reste de la journée est réservé au débat télévisé et à la présentation des projets sélectionnés pour l’Appel À Projet Sargassum .

Le partage d’expérience du vendredi 25 octobre semble plus fourni répartie sur 4h30min, laissant la part belle au cas de la République Dominicaine et du Mexique, où la problématique essentielle tourne autour de préservation des sites exploités par l’industrie touristique (>8 millions de visiteurs en 2018 Quintana Roo-Cancun- >6,5 millions en République Dominicaine). Le reste du temps étant réservé au mode de financement et au débat Grand public.

La dernière journée abordera le problème de la coopération dans lutte contre les sargasses et les stratégies régionales et internationales d’environ 3 heures. Il faut espérer que cette petite matinée permettra de faire l’ensemble des états et région présentes, tous concurrents à la fois sur le tourisme, la pêche et les ressources minières marines, mettent de côté leur différence afin de mettre en commun leurs ressources humaines et leurs savoirs. La présence annoncée du Premier ministre de la République française, Édouard Philippe, ne devrait rien changer. Malgré l’accord de Paris, la France fait peu de choix en faveur de la nature et de la santé publique.

Conclusion

Cette analyse sommaire donne une vision des objectifs de cette conférence, malheureusement éloignée de la vision de TCGNRG et possiblement de la résolution de cette situation.

Il faut rappeler ce qui est nommé par beaucoup comme la crise des Sargasses est dans les faits un déséquilibre à l’échelle de l’Atlantique et de la plus part des aires côtières des nutriments (azote, phosphore, etc.) qui favorisent la croissance des algues. Pendant leur phase pélagique la croissance et la reproduction (par bouturage) des algues sargasses n’est pas stoppée.

À ce déséquilibre s’ajoute une incapacité structurelle et intellectuelle de repenser la gestion de la matière organique dans un système environnemental trop industrialisé.